Modification d’un équipement : qu’est-ce que cela implique ? 

La modification d’un équipement, qu’il s’agisse d’un manège, d’une machine, d’une aire de jeux ou encore d’un toboggan aquatique, fait partie intégrante du cycle de vie de celui-ci. Il peut en effet être nécessaire d’adapter l’équipement à un nouveau besoin (changement d’usage, nouveau processus) ou de le faire évoluer vers un standard de sécurité plus élevé. Si l’intérêt d’une modification ne porte donc pas à discussion, il est fréquent de se demander qui peut l’effectuer et comment elle doit être réalisée.  

Comprendre la chaîne de responsabilités

Traditionnellement, 3 acteurs gravitent autour d’un équipement :  

Le fabricant de l’équipement : celui qui l’a conçu et fabriqué pour un usage initial décrit dans la notice et documentation technique ; 
La tierce partie indépendante (bureau de contrôle) : celle qui a validé la cohérence initiale, et le cas échéant qui vient chaque année vérifier la non-régression des systèmes et maintien en état de conformité de l’installation ; 
L’exploitant :  celui qui utilise l’équipement et assure son entretien.

D’autres acteurs peuvent intervenir, comme un revendeur, un importateur, un mainteneur extérieur, etc.  

L’approche théorique de sécurité autour des équipements est simple à comprendre et repose sur le principe suivant :

Si l’exploitant utilise et maintient l’équipement conformément aux instructions strictes du fabricant,
que ce dernier a respecté les normes de conception et de fabrication, éventuellement approuvé par une tierce partie indépendante,
alors un niveau minimal de risque est atteint rendant l’équipement apte pour la raison pour laquelle il a été créé.

La majorité des défaillances trouvent comme source la rupture de ce principe : l’exploitant n’a pas respecté les limites de l’équipement ou le fabricant a mal mis en œuvre les procédés permettant de garantir l’usage attendu.  

On comprend alors assez rapidement qu’un exploitant qui vient modifier son équipement sans obtenir l’aval du fabricant verra forcément celui-ci dégager sa responsabilité du problème pour une raison très simple. L’équipement ayant été modifié, il ne fonctionne plus comme initialement spécifié, le fabricant ne peut donc plus garantir le bon fonctionnement.  

Différencier la réparation d’une modification 

La réparation vise à remettre l’équipement dans son état d’origine ou dans un état fonctionnel acceptable. L’objectif principal est donc de corriger un dysfonctionnement, une défaillance ou un dommage afin de rendre l’élément en question opérationnel. Les réparations impliquent généralement la correction ou le remplacement de composants défectueux sans apporter de changements significatifs à la structure ou à la fonctionnalité globale de l’équipement.

Quant à elles, les modifications peuvent impliquer des ajouts, des suppressions ou des changements de composants, de fonctionnalités ou de caractéristiques. Elles visent à altérer délibérément l’état initial de l’objet pour répondre à des critères spécifiques. Dans le jargon spécialisé, on dit qu’une réparation ne vient pas modifier l’analyse des risques de conception de l’équipement, contrairement aux opérations de modifications.

Analyser l’impact des modifications 

S’il est en général aisé de définir ce qu’on attend fonctionnellement de la modification de l’équipement, il est plus difficile d’analyser en détail les impacts qu’auront ces modifications sur l’existant. Changement des masses en mouvement, modification des profils des vitesses et accélérations, augmentation de l’intensité du courant dans les câbles d’alimentation sont des exemples d’impacts invisibles.

C’est pour ces raisons que le fabricant d’origine est en théorie le mieux placé pour conduire ces analyses, puisqu’il est à l’origine de l’équipement, et qu’il dispose d’une connaissance et documentation dont l’exploitant ignore probablement l’existence. Cela étant, cette option n’est pas toujours possible : le fabricant a peut-être disparu, vos relations avec sont compliquées, ou ce travail ne l’intéresse tout simplement pas. Ce cas, pour autant assez fréquent, n’exempte pour autant pas l’exploitant de conduire la modification selon un processus d’ingénierie rigoureux.  

Appliquer les bonnes normes

Les nouvelles normes ne s’appliquent usuellement pas aux équipements fabriqués avant leurs publications. On dit alors que les nouvelles normes n’ont pas d’effet rétroactif.  Il existe cependant de nombreux cas où les parties modifiées doivent cependant l’être selon les normes en vigueur au moment de la modification. Ce principe fort permet en théorie de garantir une évolution progressive des équipements les plus anciens vers des standards nouveaux, permettant d’accroître en continu le niveau général de sécurité.  

En pratique, ce principe pose bien souvent des difficultés. Remplacer le train d’un grand huit par un modèle plus récent apportera des progressions indéniables au niveau de la sécurité des passagers, mais aura pour conséquence très probable d’alourdir les trains. Or, la structure d’origine n’étant pas modifiée, elle ne pourra probablement pas supporter la masse en plus de ces nouveaux trains. Ces nouveaux trains aux nouvelles normes ne pourront donc pas être ajoutés. L’exploitant n’aura d’autres choix que de faire remplacer à l’identique son train par le modèle plus ancien.  

Modifier avec tranquillité

Dans une démarche de réemploi et de non-gaspillage d’un équipement dès qu’il dévie de sa spécification d’origine, les modifications seront de plus en plus nombreuses et nécessaires dans les années à venir.

Celles-ci sont réalisables à conditions de cadrer la démarche avec un processus d’ingénierie rigoureux. Si des grands principes ont été décrits ici, chaque nature d’équipement a sa spécificité et sa propre réglementation. Lorsque l’exploitant n’a pas la compétence, il devra s’entourer d’un bureau d’études, d’une société de conseils, ou encore d’un bureau de contrôle qui conduiront les réflexions nécessaires à l’aboutissement technique du projet dans le respect des normes applicables.